Dans la vie, la méditation
est un acte très important. C’est peut-être celui qui a la signification la
plus vaste et la plus profonde.
C’est une senteur qu’il n’est guère facile de capturer, pas plus
qu’on ne peut l’acquérir au prix d’efforts et d’exercices. Un système ne peut
produire que le fruit de ce qu’il propose et tout système, toute méthode repose
sur l’envie et l’avidité.
Ne pas être capable de méditer, c’est ne pas être capable de
voir la lumière du soleil, les ombres foncées, les eaux étincelantes et la
jeune pousse. Mais comme ils sont rares, ceux d’entre nous qui voient tout
cela ! La méditation n’a rien à nous offrir. Il n’est pas question de se
présenter les mains jointes pour la mendier. La méditation ne nous évite aucune
douleur. Elle rend toutes choses absolument claires et simples, mais pour
percevoir cette simplicité, l’esprit doit s’être libéré, sans raison ni motifs
particuliers, de tout ce qu’il a pu rassembler en vue de raisons et de motifs
précis. Là est toute la question de la méditation. C’est par la méditation
qu’on se purifie du connu. Rechercher le connu, sous une forme ou une autre,
c’est un jeu auto-illusoire, et celui qui médite devient alors le maître,
l’acte simple de la méditation n’est plus. Le méditant ne peut agir que dans le
domaine du connu ; or, s’il veut que l’inconnu soit, il doit cesser
d’agir.
L’inconnaissable ne vous sollicite pas, et vous ne pouvez pas
non plus le solliciter. Il va et vient comme le vent, et vous ne pouvez pas le
capturer et l’emmagasiner pour votre bénéfice, pour votre usage personnel.
L’inconnaissable n’a aucune valeur utilitaire, mais sans lui la vie est d’un
vide infini.
J. Krishnamurti Commentaires sur la vie Tome 2,
Chapitre 52