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lundi 26 mai 2014

L’amour ne comporte ni devoir ni responsabilité

L’amour ne comporte ni devoir ni responsabilité


L’amour a-t-il des responsabilités et des devoirs, et se sert-il de ces mots ? Lorsqu’on agit par devoir, y a-t-il de l’amour ? La notion de devoir ne l’exclut-elle pas ? La structure du devoir emprisonne l’homme et le détruit. Tant qu’on s’oblige à agir par devoir, on n’aime pas ce que l’on fait. L’amour ne comporte ni devoir ni responsabilité.


La plupart des parents se sentent, malheureusement, responsables de leurs enfants, et ce sens de responsabilité les pousse à leur dire ce qu’ils doivent faire, ce qu’ils ne doivent pas faire, ce qu’ils doivent devenir. Les parents veulent que leurs enfants aient une situation sûre dans la société. Ce qu’ils appellent responsabilité fait partie de cette respectabilité pour laquelle ils ont un culte, et il me semble que là où est cette respectabilité il n’y a pas d’amour. Ils n’aspirent, en fait, qu’à devenir de parfaits bourgeois. Lorsqu’ils éduquent leurs enfants en vue de les adapter à la société, ils perpétuent les conflits, les guerres, la brutalité. Est-ce cela que vous appelez protection et amour ?


J. Krishnamurti Se libérer du connu Chapitre 10 (p. 83)




lundi 5 mai 2014

Se contenter d’être bon envers les autres, d’être sensible, poli, plein d’égards, attentif, affectueux, cela manque de profondeur et de vitalité.

« I : Pourrions-nous parler de la sensibilité et de la considération envers les autres ?


K : L’homme a toujours tendu vers quelque chose de saint, de sacré.


Se contenter d’être bon envers les autres, d’être sensible, poli, plein d’égards, attentif, affectueux, cela manque de profondeur et de vitalité. A moins de découvrir dans votre vie quelque chose de véritablement sacré, profond, merveilleusement beau, qui est la source de toute chose, la vie reste très superficielle. Vous avez beau faire un mariage heureux, avec des enfants, une maison, de l’argent, vous pouvez être intelligent et célèbre, s’il vous manque ce parfum, tout n’est qu’une ombre, sans aucune substance.


Voyant ce qui se passe dans le monde, allez-vous, dans votre vie quotidienne, découvrir quelque chose qui soit réellement vrai, réellement beau, sain et sacré ? Si vous avez cela, alors la politesse a un sens, alors la considération a un sens, une profondeur, alors quoi que vous fassiez, ce parfum vous accompagnera toujours. Comment allez-vous procéder ? Votre éducation ne consiste pas seulement à apprendre les mathématiques, mais à découvrir aussi cela.


Pour voir les choses de façon très distincte, même cet arbre par exemple, votre esprit doit faire silence, n’est-ce pas ? Pour voir cette image, je dois la regarder, mais si mon esprit bavarde, et dit : « J’aimerais bien être dehors », ou bien : « Je voudrais bien avoir un pantalon mieux que ça », si mon esprit vagabonde, jamais je ne pourrai voir distinctement cette image.


Pour voir une chose très distinctement, mon esprit doit être tout à fait tranquille. Voyez-en d’abord la logique.


Pour observer les oiseaux, pour observer les nuages, les arbres, l’esprit doit être extraordinairement immobile et silencieux.


Il existe au Japon et en Inde divers systèmes permettant de contrôler l’esprit pour qu’il atteigne l’immobilité absolue. L’idée étant qu’ayant atteint ce silence, cette immobilité, vous faites alors l’expérience de quelque chose d’incommensurable. On dit que la première condition, c’est le silence et l’immobilité de l’esprit : il faut donc le contrôler, l’empêcher de vagabonder, et une fois atteinte cette impassibilité de l’esprit, la vie est extraordinaire.


Or, lorsque vous contrôlez, ou que vous forcez votre esprit, vous le déformez, n’est-ce pas ? Si je me force à être bon, ce n’est pas de la bonté. Si je me force à être extrêmement poli envers vous, ce n’est pas de la politesse. Donc, si je force mon esprit à se concentrer sur cette image, il y a tension, effort, douleur, contrainte. Cet esprit-là n’est donc pas un esprit tranquille.


Est-ce que vous voyez ?


Nous devons donc nous demander s’il existe un moyen de parvenir à ce silence, cette immobilité de l’esprit, mais sans distorsion, sans effort, sans qu’on se dise : « Il faut que je le contrôle ! »


Bien sûr qu’il existe un moyen.


Il y a une tranquillité, une immobilité, un silence sans effort. Cela suppose de comprendre ce qu’est l’effort. Et lorsque vous comprenez ce qu’est l’effort, le contrôle, la contrainte – que vous le comprenez non seulement de manière verbale, mais que vous envoyez la vérité – cette perception même apporte à l’esprit ce silence, cette immobilité.


Bulletin n°66 – 1994 – Entretien entre Krishnamurti et des élèves et enseignants à Brockwood Park

Brockwood Park, Hampshire, Angleterre Le 9 septembre 1970




jeudi 1 mai 2014

La sincérité !

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La sincérité ne peut jamais être simple.


Il n’arrêtait pas de parler de Dieu, de ses prières du matin et du soir, de ses jeûnes, de ses voeux, de ses désirs brûlants. Il s’exprimait d’une façon claire et précise, et il trouvait toujours le mot juste, sans hésitation ; il avait l’esprit bien entraîné, et il devait cela à sa profession. C’était un homme vif et aux yeux brillants, encore qu’il y eût dans son attitude quelque chose de guindé. Tout son corps trahissait une obstination et un manque de souplesse. Il était manifestement doué d’une volonté puissante et, bien que le sourire lui montât aisément aux lèvres, il était toujours sur le qui-vive, et toujours prêt à se dominer. Il menait une existence très régulière et s’il changeait parfois ses habitudes, c’était par un décret de sa volonté. Sans la volonté, disait-il, il ne peut y avoir de vertu ; la volonté était absolument nécessaire pour triompher du mal. La lutte entre le bien et le mal ne cessait jamais, et seule la volonté pouvait faire échec au mal. Il y avait en lui une certaine tendresse aussi, et il regardait souvent la pelouse et les fleurs en souriant, d’un air heureux ; mais il ne laissait jamais son esprit errer hors des limites que lui avait imposées sa volonté. Bien qu’il évitât soigneusement tout écart de langage, toute manifestation de colère ou d’impatience, sa volonté le rendait parfois étrangement violent. Si la beauté ne dérangeait pas l’ordre de ses pensées, il l’acceptait volontiers ; mais on sentait chez lui la peur de la sensualité, dont il essayait de contenir la douleur. C’était un homme instruit et de manières courtoises, et sa volonté le suivait comme son ombre.


La sincérité ne peut jamais être simple ; la sincérité est le terrain d’élection de la volonté, et la volonté ne peut pas dévoiler le mécanisme du moi. La connaissance de soi n’est pas le produit de la volonté ; la connaissance de soi se fait jour à travers la lucidité des réponses immédiates au mouvement de la vie. La volonté exclut ces réponses spontanées qui seules révèlent la structure du moi. La volonté est l’essence même du désir ; et la volonté devient un obstacle à la compréhension du désir. La volonté sous toutes ses formes, qu’elle soit tournée vers les cimes de l’esprit ou vers les racines les plus profondes du désir, ne peut jamais être passive ; et ce n’est que dans la passivité, dans le silence vigilant, que la vérité peut être. C’est toujours entre les désirs qu’il y a conflit, à quelque niveau que se situent les désirs. Opposer un désir aux autres désirs ne fait qu’engendrer une résistance ultérieure, et cette résistance est la volonté. La compréhension ne peut pas venir d’une résistance. Ce qui est important, c’est de comprendre le désir, et non d’étouffer un désir par un autre.


J. Krishnamurti Commentaires sur la vie Tome 1, Chapitre 34

La sincérité