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jeudi 30 janvier 2014

Les visions qu’une personne peut avoir sont déterminées par son conditionnement

Les visions qu’une personne peut avoir sont déterminées par son conditionnement


La plupart d’entre nous aspirent à des expériences durables, que la pensée ne peut détruire, susceptibles de nous satisfaire pleinement. Ainsi, sous-jacent à cette aspiration, est un désir de satisfaction qui détermine la nature de l’expérience. Il nous faut donc comprendre à la fois ce désir et les sensations que l’expérience procure.


C’est un grand plaisir que d’éprouver une grande satisfaction. Plus une expérience est durable, profonde, vaste, plus elle est agréable. C’est ce plaisir qui dicte la nature de l’expérience à laquelle nous aspirons, et qui nous donne sa mesure. Or tout ce qui est mesurable est dans les limites de la pensée et susceptible de créer des illusions. On peut vivre des expériences merveilleuses et être dupé. Les visions qu’une personne peut avoir sont déterminées par son conditionnement. Vous pouvez voir le Christ ou le Bouddha ou tout autre personnage objet de votre culte, et plus vous serez croyant, plus intenses seront vos visions : ces projections de vos désirs.


« Se libérer du connu », J. Krishnamurti, Chapitre 15 – Stock, 1977.




lundi 27 janvier 2014

Toute demande intérieure provient d’une dualité

Toute demande intérieure provient d’une dualité


Si nous n’avions pas d’expériences, que nous arriverait-il ? Nous avons besoin de leurs provocations pour nous tenir éveillés. S’il n’y avait en nous ni conflits, ni perturbations, ni changements, nous serions tous profondément endormis. Donc ces rappels sont nécessaires pour presque tout le monde. Nous pensons que sans eux nos esprits deviendraient stupides et lourds, par conséquent nous avons besoin de provocations et d’expériences pour nous faire vivre plus intensément et pour aiguiser nos esprits. Mais en vérité, cet état de dépendance ne fait qu’émousser nos esprits. Il ne nous tient pas du tout éveillés.


Je me demande donc s’il me serait possible d’être éveillé totalement, non en quelques points périphériques de mon être, mais totalement éveillé, sans provocations ou expériences. Cela exigerait une grande sensibilité, à la fois physique et psychologique. Cela voudrait dire qu’il me faudrait être affranchi de toute aspiration, car je provoquerais l’expérience dès l’instant que je l’appellerais. Pour être débarrassé de mes exigences intérieures, de mes désirs et de mes satisfactions, il me faudrait reprendre une investigation en moi-même et comprendre toute la nature de mon désir. Toute demande intérieure provient d’une dualité : « Je suis malheureux, je voudrais être heureux. » En cette aspiration : « Je veux être heureux » est un état malheureux, de même que lorsqu’on fait un effort vers le bien, en cette vertu est le mal. Toute affirmation contient son opposé, et tout effort renforce ce que l’on veut surmonter. Lorsque vous désirez l’expérience du vrai ou du réel, cette demande émane de votre manque de satisfaction au sujet de ce qui « est », et crée, par conséquent, son contraire. Et dans ce contraire se trouve ce qui a été. Nous devons nous libérer de ces incessantes demandes, autrement il n’y aurait pas de fin au couloir de la dualité. Cela veut dire se connaître soi-même si complètement que l’on ne cherche plus.


On a, en cet état, un esprit qui n’appelle pas l’expérience ; qui ne veut pas être provoqué ; qui ne connaît pas la provocation ; qui ne dit ni « je dois », ni « je suis éveillé » ; qui est complètement ce qu’il « est ».


« Se libérer du connu », J. Krishnamurti, Chapitre 15 – Stock, 1977.




dimanche 26 janvier 2014

Peut-on vivre en ce monde sans le « plus », sans ces sempiternelles comparaisons ?

Ce ne sont que des esprits frustrés, étroits, creux, conditionnés, qui recherchent le « plus ». Peut-on vivre en ce monde sans le « plus », sans ces sempiternelles comparaisons ? Assurément, c’est possible. Mais on doit l’apprendre par soi-même. Mener une enquête dans toute cette sphère, c’est méditer. Ce mot a été employé, en Orient et en Occident, d’une façon malheureuse. Il existe différentes écoles et différents systèmes de méditation. Certaines écoles disent : « Observez le mouvement de votre gros orteil, observez-le, observez-le, observez-le », d’autres recommandent que l’on s’assoie dans certaines postures, que l’on respire régulièrement, ou que l’on s’exerce à être lucide. Tout cela est purement mécanique. Une autre méthode consiste à vous donner un certain mot et à vous dire que si vous le répétez très longtemps, vous aurez une expérience transcendantale extraordinaire. C’est une absurdité. C’est de l’auto-hypnotisme. Il est certain qu’en répétant indéfiniment Amen, Om, ou Coca-Cola, vous aurez une certaine expérience, parce qu’au moyen de répétitions on se calme l’esprit. C’est un phénomène bien connu en Inde depuis des milliers d’années, que l’on appelle Mantra-Yoga. Avec des répétitions vous pouvez inciter votre esprit à être aimable et doux, mais il n’en sera pas moins un petit esprit mesquin, misérable. Vous pourriez aussi bien placer sur votre cheminée un morceau de bois ramassé dans le jardin et lui présenter tous les jours une fleur en offrande. Au bout d’un mois vous seriez en train de l’adorer, et ne pas lui offrir une fleur serait un péché.

« Se libérer du connu », J. Krishnamurti, Chapitre 15 – Stock, 1977.




samedi 25 janvier 2014

La méditation ne consiste pas à suivre un système

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La méditation ne consiste pas à suivre un système ; ce n’est pas une constante répétition ou imitation ; ce n’est pas une concentration. Une des méthodes favorites de certaines personnes qui enseignent la méditation est d’insister auprès de leurs élèves sur la nécessité de se concentrer, c’est-à-dire de fixer leur esprit sur une pensée et d’expulser toutes les autres. C’est la chose la plus stupide, la plus nocive que puisse faire n’importe quel écolier, lorsqu’on l’y oblige. Cela veut dire que pendant tout ce temps on est le lieu d’un combat entre la volonté insistante de se concentrer et l’esprit qui vagabonde, tandis qu’il faudrait être attentif à tous les mouvements de la pensée, partout où elle va. Lorsque votre esprit erre à l’aventure, c’est que vous êtes intéressé par autre chose que ce que vous faites.


La méditation exige un esprit étonnamment agile ; c’est une compréhension de la totalité de la vie, où toute fragmentation a cessé, et non une volonté dirigeant la pensée. Lorsque celle-ci est dirigée, elle provoque un conflit dans l’esprit mais lorsqu’on comprend sa structure et son origine —que nous avons déjà examinées— elle cesse d’intervenir. Cette compréhension de la structure de la pensée est sa propre discipline, qui est méditation.


« Se libérer du connu », J. Krishnamurti, Chapitre 15 – Stock, 1977.




mercredi 22 janvier 2014

Je ne sais pas si vous avez suffisamment examiné cette question par vous-même, afin de découvrir si l’on peut vivre avec un autre être dans une harmonie totale, un accord total, de façon qu’il n’y ait aucune barrière, aucune division, mais un sentiment d’unité complète

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Je ne sais pas si vous avez suffisamment examiné cette question par vous-même, afin de découvrir si l’on peut vivre avec un autre être dans une harmonie totale, un accord total, de façon qu’il n’y ait aucune barrière, aucune division, mais un sentiment d’unité complète. Ce mot « relation » implique que nous sommes reliés – non pas dans nos actions, dans nos projets, dans une idéologie, mais reliés totalement dans ce sens que la division, ce morcellement qui existe entre individus, entre deux êtres humains, n’existe plus à aucun niveau.


Faute de comprendre ces relations, il me semble que, quand nous nous efforçons d’établir théoriquement ou techniquement un ordre dans le monde, par force non seulement nous en viendrons à créer de profondes divisions entre l’homme et son prochain, mais nous serons incapables d’empêcher la corruption. Celle-ci commence avec le manque de rapports réels ; c’est là, me semble-t-il, la racine même de la corruption. Nos relations, telles que nous les connaissons actuellement, sont le prolongement d’un état de division entre les individus.


La racine primordiale de ce mot « individu » signifie « indivisible ». Un être humain qui n’est pas divisé, fragmenté en lui-même, est véritablement un individu.


Mais la plupart d’entre nous ne le sommes pas. Nous nous figurons l’être, et c’est pour cela qu’il y a une opposition entre l’individu et la communauté. Non seulement il nous faut comprendre le sens donné par le dictionnaire à ce mot « individualité », mais il faut en pénétrer le sens profond d’après lequel il n’y a plus de fragmentation aucune. Cela veut dire une harmonie complète entre l’esprit, le coeur et l’organisme physique. Alors seulement l’individu existe.


Extrait de la causerie de J Krishnamurti à New York City le 24 avril 1971 (source : « L’éveil de l’intelligence » aux éditions Stock. deuxième trimestre 1975 Chapitre 1, pages 77 à 95)




mardi 21 janvier 2014

La crise n’est pas dans le monde extérieur

La crise n’est pas dans le monde extérieur elle est dans notre conscience elle-même.


Si nous examinons nos rapports actuels les uns avec les autres, qu’ils soient intimes ou superficiels, profonds ou passagers, nous voyons qu’il y a toujours fragmentation. La femme ou le mari, le jeune homme ou la jeune fille, chacun vit sa propre ambition, ses buts personnels et égoïstes, enfermé dans son propre cocon. Tous ces éléments contribuent à la construction d’une image en soi-même, tous nos rapports avec autrui passent à travers cette image et, par conséquent, il n’y a aucune relation réelle directe.


Je ne sais pas si vous avez conscience de la structure de la nature de cette image que chacun construit autour de soi et en lui-même. Cela se fait à chaque instant, et comment peut-il y avoir des relations avec autrui quand existent cet élan personnel, cette envie, cette esprit de compétition, cette avidité, et toutes ces forces qui sont entretenues et exagérées dans notre société moderne ? Comment pourrait-il y avoir des relations avec un autre si chacun de nous est lancé à la poursuite de sa propre réussite personnelle, de son propre succès ? Je ne sais pas si nous avons conscience de tout ceci. Nous sommes ainsi conditionnés que nous l’acceptons comme étant chose normale, le modèle de la vie, chacun de nous devant poursuivre ses propres particularités, ses propres tendances, et néanmoins s’efforcer d’établir des relations avec autrui. N’est-ce pas là ce que nous faisons tous ? Vous êtes peut-être marié, et vous allez au bureau ou à l’usine ; quoique que vous fassiez pendant la durée de la journée, c’est cela que vous poursuivez. Et votre femme est chez elle, ayant ses propres ennuis, en proie à ses propres vanités, avec tout ce qui se passe autour d’elle. Et qu’elles sont alors les relations existant entre ces deux être humains ? Au lit, dans leur vie sexuelle ? Des relations tellement superficielles, limitées et circonscrites ne sont-elles pas en elles-mêmes l’essence de la corruption ?


On peut se demander : comment vous proposez-vous de vivre si vous n’allez pas au bureau, si vous ne poursuivez pas votre propre ambition, vos propres désirs d’atteindre ou d’aboutir ? Si l’on ne fait rien de tout cela, que peut-on faire ? Il me semble que ceci est une question absolument fausse. N’êtes-vous pas du même avis ? Par ce que nous sommes préoccupés, n’est-ce pas, de susciter un changement radical dans la structure même de notre esprit. La crise n’est pas dans le monde extérieur elle est dans notre conscience elle-même. Tant que nous n’aurons pas compris cette crise profondément et non selon les idées de quelques philosophes, mais jusqu’au moment où véritablement nous comprendrons par nous-mêmes en regardant en nous-mêmes, en nous examinant nous-mêmes, nous serons incapables de provoquer un tel changement. C’est la révolution psychologique qui nous préoccupe, et cette révolution ne peut se produire que s’il y a des relations justes entres les êtres humains.


Extrait de la causerie de J Krishnamurti à New York City le 24 avril 1971 (source : « L’éveil de l’intelligence » aux éditions Stock. deuxième trimestre 1975 Chapitre 1, pages 77 à




dimanche 19 janvier 2014

Existe-t-il une perception qui n’est pas né du savoir,

Existe-t-il une perception qui n’est pas né du savoir, le savoir étant l’expérience, la mémoire, la pensée, l’action ?


K : Tout d’abord, nous connaissons la perception ordinaire de la pensée : la discrimination, l’aptitude à équilibrer, la construction et la destruction, le mouvement dans toutes les activités humaines de choix, la liberté, l’obéissance, l’autorité, et tout cela. C’est le mouvement de la pensée qui perçoit. Nous demandons – nous n’affirmons pas – y a-t-il une perception qui n’est pas la pensée ?


PJ : je me demande souvent quelle est la valeur d’une question comme cela. Vous voyez, vous posez une question, vous dites qu’aucune réponse n’est possible.


K : Non


PJ : Est-ce qu’une réponse est possible ?


K : Oui. Nous connaissons la nature de la pensée. La pensée discerne, distingue, choisit ; la pensée crée la structure. Il y a un mouvement de pensée dans la perception pour faire la distinction entre le bien et le mal, le vrai et le faux, la haine et la bonté. Et nous savons, comme nous l’avons dit, celui-ci a une continuité dans le temps. Maintenant, est-ce que nous en restons là, ce qui veut dire, est-ce que nous restons en perpétuel conflit ? Donc, vous demandez, y a-t-il une enquête qui nous conduira à un état de non-conflit ? Qui est quoi ? Existe-t-il une perception qui n’est pas né du savoir, le savoir étant l’expérience, la mémoire, la pensée, l’action ? Je demande, y a-t-il une action qui n’est pas fondée sur la remémoration, la remémoration étant le passé ? Existe-t-il une perception qui est totalement dénuée du passé ? Est-ce que vous investiguez avec moi de cette façon ? Je sais cela, et je me rends compte que ceci implique un conflit éternel.


La voie de l’intelligence, p.59 – chapitre 2 – partie 3 – 3° séminaire. Madras 16 janvier 1981 – « C’est dans l’écoute qu’est la transformation. »




mercredi 15 janvier 2014

Pouvons-nous faire cela, ce matin – faire face aux choses telles qu’elles sont ?

Pouvons-nous faire cela, ce matin – faire face aux choses telles qu’elles sont ?


Pourquoi abordons-nous toujours les choses en termes d’accord ou de désaccord. Pouvons-nous écarter complètement de notre vocabulaire, de notre cerveau, « je suis d’accord » ou « je ne suis pas d’accord » et simplement faire face aux faits tels qu’ils sont, non seulement dans le monde, mais aussi en nous-même  ? Cela demande une grande honnêteté, l’urgence de l’honnêteté. Pouvons-nous faire cela, ce matin – faire face aux choses telles quelles sont ?


J. Krishnamurti Last talk in Saanen 21 juillet 1985, 5th public talk (audio et video) Event ID/Serial No BKID60090/EP86SA85-05




mardi 14 janvier 2014

La colère nous isole du monde et des relations humaines.

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La colère a ceci de particulier qu’elle vous isole ; comme le chagrin, elle vous retranche du monde, et vous fait perdre le sens des relations humaines.


La colère a la force et la vitalité passagères de ce qui est isolé. Il y a un étrange désespoir dans la colère ; car l’isolement est désespoir. La colère que font naître la déception, la jalousie, le besoin de blesser, procure un soulagement agréable dans la mesure où elle est une justification de soi. Nous condamnons les autres, et cette condamnation nous justifie à nos yeux. Si nous n’adoptons pas telle ou telle attitude, qu’il s’agisse de justification ou d’humiliation, que sommes-nous ? Nous cherchons par tous les moyens à affirmer notre personnalité, et la colère, comme la haine, est un des moyens les plus faciles.


Le simple mouvement d’humeur, une flambée de colère vite oubliée, est une chose ; mais la colère délibérément mûrie et qui cherche à blesser et à détruire est tout autre chose. Un mouvement d’humeur peut avoir une cause psychologique que l’on peut déceler et à laquelle on peut aisément remédier ; mais la colère résultant d’une cause psychologique est beaucoup plus subtile et beaucoup plus difficile à traiter. La plupart des gens n’attachent pas une grande importance à la colère et leur trouvent facilement des excuses. Pourquoi ne nous mettrions-nous pas en colère lorsque nous subissons un affront ou lorsque nous assistons à des scènes qui nous révoltent ? Ainsi nous trouvons des justifications à notre colère. Il ne nous arrive jamais de dire que nous sommes en colère et de nous en tenir là ; nous nous lançons dans de savantes explications sur ses origines. Nous ne disons jamais simplement que nous sommes jaloux ou fâchés, mais nous justifions ou nous expliquons notre jalousie ou notre ressentiment. Nous demandons comment il peut y avoir de l’amour sans jalousie, ou bien nous disons que les agissements de telle personne nous ont déplu, et ainsi de suite.


C’est l’explication, la formulation, silencieuse ou exprimée, qui entretient la colère, qui l’amplifie et l’enracine.


J. Krishnamurti Commentaires sur la vie Tome 1, Chapitre 30 La colère




lundi 13 janvier 2014

La raison ou plus simplement l’honnêteté

Nous utilisons le mot « raison » non pas dans un sens philosophique avec toutes ses implications  ; nous donnons à ce mot le simple sens d’une grande honnêteté dans la pensée, d’un équilibre mental sain, le sens d’un « insight » clair, d’une perception où il n’y a pas de tromperie ou d’auto-illusion. Sans la raison au départ, vous ne pouvez pas aller très loin. Parce ce que sans la raison vous êtes inévitablement conduits vers toutes les formes d’illusions, d’idées fausses, de peurs et tout le reste. Pour comprendre la nature et le sens de la méditation, il est absolument nécessaire de raisonner pas à pas, afin que votre esprit soit affûté, que votre cerveau soit clair, sans la moindre distorsion, sans la moindre pression. Cela ne demande aucune croyance, aucun système  ; mais cela nécessite un cerveau qui soit sensible, affûté, clair, qui puisse procéder pas à pas, non de manière illogique, non en sautant des étapes, mais avec rationalité, avec équilibre.

Oeuvres collectées Vol. 14 – Talk 6, 26 February 1964 Bombay




dimanche 12 janvier 2014

Comment pouvez-vous penser à quelque chose que vous ne connaissez pas ?

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Comment pouvez-vous penser à quelque chose que vous ne connaissez pas ?

Nous parlons d’une passion qui n’est pas stimulée, qui n’a pas de cause

Très peu réussissent à transcender cette formidable peur de la solitude ; pourtant il le faut car le véritable trésor se trouve au-delà.

Juste être conscient – qu’est-ce que cela signifie ?…notre conditionnement est vraiment très profond. Cela exige beaucoup d’investigation, de compréhension.


La conscience n’est pas quelque chose de mystérieux que vous devez pratiquer ; elle n’est pas quelque chose qui peut être apprise seulement de l’orateur, ou de quelque personnage barbu ou autre. Tout ce genre de choses fantaisistes est trop absurde. Juste être conscient – qu’est-ce que cela signifie ? Être conscient que vous êtes assis là, et que je suis assis ici ; que je vous parle et que vous m’écoutez ; être conscient de cette salle, de sa forme, de son éclairage, de l’acoustique ; observer les couleurs variées que portent les gens, leurs attitudes, leur effort pour écouter, leurs raclements de gorge, leur lassitude, leur ennui, leur insatisfaction de ne pas être en mesure d’obtenir à partir de ce qu’ils entendent quelque chose à rapporter à la maison ; leur accord ou leur désaccord avec ce qui est dit. Tout cela s’inscrit dans le cadre de la conscience – une partie très superficielle.


Derrière cette observation superficielle il y a la réponse de notre conditionnement : j’aime et je n’aime pas, je suis Britannique et vous n’êtes pas Britannique, je suis Catholique et vous êtes Protestant. Et notre conditionnement est vraiment très profond. Cela exige beaucoup d’investigation, de compréhension. Être conscient de nos réactions, de nos motivations cachées et de nos réponses conditionnées – cela aussi fait partie de la conscience.


Vous ne pouvez pas être totalement conscient si vous êtes en train de faire un choix. Si vous dites : « Ceci est bon et cela est mauvais », le bon et le mauvais dépendent de votre conditionnement. Ce qui est bon pour vous peut être mauvais en Extrême-Orient. Vous croyez à un sauveur, au Christ, mais pas eux, et vous pensez qu’ils vont aller en enfer à moins qu’ils ne croient comme vous. Vous avez les moyens de bâtir des cathédrales merveilleuses, alors qu’eux peuvent adorer une image en pierre, un arbre, un oiseau, ou un rocher, et vous dites : « Comme c’est idiot, comme c’est païen ! ». Être conscient c’est être conscient de tout ceci, sans choix ; c’est être totalement conscient de toutes vos réactions conscientes et inconscientes. Et vous ne pouvez pas être totalement conscient si vous condamnez, si vous justifiez, ou si vous dites : « Je vais garder mes croyances, mes expériences, mon savoir. » Alors vous êtes conscient seulement de manière partielle, et la conscience partielle est une véritable cécité.


Voir ou comprendre n’est pas une question de temps, ce n’est pas une question de graduations. Ou vous voyez ou vous ne voyez pas. Et vous ne pouvez pas voir si vous n’êtes pas profondément conscient de vos propres réactions, de votre propre conditionnement. Étant conscient de votre conditionnement, vous devez le regarder sans choix ; il vous faut voir le fait et non donner une opinion ou un jugement sur le fait. En d’autres termes, il vous faut regarder le fait sans la pensée. Alors, il y a une conscience, un état d’attention sans un centre, sans frontières, où le connu n’interfère pas.


Œuvres collectées, Vol. XIII – 188




Ne pas juger !

samedi 11 janvier 2014

les subtilités rusées de l’auto-protection.

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Ce n’est que lorsque l’esprit, qui a pris abri derrière les murs de l’autoprotection, se libère de ses propres créations qu’il peut y avoir cette exquise réalité. Après tout, ces murs d’auto-protection sont les créations de l’esprit qui, conscient de son insuffisance, construit ces murs de protection, et derrière eux, prend abri. Nous avons construit ces barrières, consciemment ou inconsciemment, et notre esprit est tellement estropié, attaché, retenu que l’action apporte davantage de conflit et de nouveaux troubles. Donc, la simple recherche de la solution à vos problèmes ne va pas libérer l’esprit de la création des nouveaux problèmes. Tant que ce centre d’auto-protection, né d’une insuffisance, existe, il doit y avoir des perturbations, une peine énorme et la douleur ; et vous ne pouvez pas libérer l’esprit de la peine en le disciplinant à ne pas être insuffisant. C’est-à-dire, vous ne pouvez pas vous discipliner vous-même, ou être influencé par les conditions et l’environnement, afin de ne pas être superficiel. Vous vous dites à vous-même : « Je suis superficiel ; je reconnais le fait, et comment vais-je m’en débarrasser ? » Je dis, ne cherchez pas à vous en débarrasser, ce qui est simplement un processus de substitution, mais prenez conscience, devenez conscient de ce qui est la cause de cette insuffisance. Vous ne pouvez pas exiger cela ; vous ne pouvez pas le forcer ; cela ne peut pas être influencé par un idéal, par la peur, par la poursuite de la jouissance et des pouvoirs. Vous ne pourrez découvrir la cause de l’insuffisance que par le fait d’être conscient. C’est-à-dire, qu’en regardant dans l’environnement et en perçant sa signification, il vous sera révélé les subtilités rusées de l’auto-protection.


La liberté totale : Krishnamurti l’Essentiel. J.Krishnamurti. (Total Freedom : The Essential Krishnamurti. J. Krishnamurti.)




jeudi 9 janvier 2014

Quand J’observe mes pensées il y a une grande tension.

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Interlocuteur : Quand J’observe mes pensées il y a une grande tension


Krishnamurti : Quand on observe ses pensées, dit cette personne, il y a un plus grand stress, un plus grand conflit. Pourquoi ceci a-t-il lieu ? Lorsque vous observez votre pensée pourquoi devrait-il y avoir du stress ? Il y a stress, tension, conflit, parce que vous regardez votre pensée avec les yeux de la condamnation, de la comparaison, du jugement, vous ne l’observez pas. Lorsque je regarde ce microphone, je peux le regarder et ne pas en faire un stress. Mais si je dis : "je ne l’aime pas’, il devient immédiatement un stress. Nous comparons et jugeons parce que nous sommes conditionnés à tout regarder dans notre vie, avec condamnation, comparaison ou justification ; jamais à regarder les choses telles qu’elles sont, sans rien de tout ceci. Alors, vous constaterez, Messieurs, que la vie devient très simple : il suffit d’observer.


Entretiens en Europe 1967 – Cinq entretiens à Amsterdam (5) p.144 – Servire / Wassenaar. The Netherlands




mercredi 8 janvier 2014

La méditation n’est pas seulement une constante prise de conscience de soi, mais un constant abandon du soi.

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La méditation n’est pas seulement une constante prise de conscience de soi, mais un constant abandon du soi. C’est depuis la pensée juste qu’il y a la méditation, à partir de laquelle naît la tranquillité de la sagesse ; et c’est dans celle-ci que se réalise la sérénité la plus haute.


Écrire ce que l’on pense et ressent, ses désirs et ses réactions, provoque une conscience intérieure, la coopération de l’inconscient avec le conscient, et donc, conduit à son tour vers l’intégration et la compréhension.


Le livre de la vie – J.Krishnamurti – Citation pour le 21 novembre.




mardi 7 janvier 2014

Etre libre de toute autorité, de la vôtre et de celle d’un autre, c’est mourir à toutes les choses d’hier

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Etre libre de toute autorité, de la vôtre et de celle d’un autre, c’est mourir à toutes les choses d’hier, de sorte que votre esprit est toujours frais, toujours jeune, innocent, plein de vigueur et de passion. C’est seulement dans cet état que l’on apprend et observe. Et pour cela, une grande conscience est nécessaire, la conscience réelle de ce qui se poursuit à l’intérieur de vous-même, sans la corriger ou dire d’elle ce qu’elle devrait ou ne devrait pas être, parce que dès le moment où vous la corrigez vous avez mis en place une autre autorité, un censeur.

Mourir à toutes les choses d’hier – Se Libérer du Connu




lundi 6 janvier 2014

La Vérité n’a pas de sentier, et c’est cela sa beauté : elle est vivante.

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La Vérité n’a pas de sentier, et c’est cela sa beauté : elle est vivante.


Mais que peut faire un être humain ? Que pouvons-nous faire, vous et moi, pour créer une société complètement différente ? Nous nous posons là une question très sérieuse : est-il possible de faire quoi que ce soit ? Que peut-on faire ?… Quelqu’un pourrait-il nous le dire ? De soi-disant guides spirituels — qui sont censés comprendre ces choses mieux que nous — nous l’ont dit en essayant de nous déformer, de nous mouler selon certains modèles, et cela ne nous a pas menés loin ; des savants nous l’ont dit en termes érudits et cela ne nous a pas conduits plus loin. On nous a affirmé que tous les sentiers mènent à la vérité : l’un a son sentier en tant qu’Hindou, l’autre a le sien en tant que Chrétien, un autre encore est Musulman, et ils se rencontrent tous à la même porte — ce qui est, si vous y pensez, évidemment absurde.


La Vérité n’a pas de sentier, et c’est cela sa beauté : elle est vivante. Une chose morte peut avoir un sentier menant à elle, car elle est statique. Mais lorsque vous voyez que la vérité est vivante, mouvante, qu’elle n’a pas de lieu où se reposer, qu’aucun temple, aucune mosquée ou église, qu’aucune religion, qu’aucun maître ou philosophe, bref que rien ne peut vous y conduire — alors vous verrez aussi que cette chose vivante est ce que vous êtes en toute réalité : elle est votre colère, votre brutalité, votre violence, votre désespoir. Elle est l’agonie et la douleur que vous vivez.


La vérité est en la compréhension de tout cela, vous ne pouvez le comprendre qu’en sachant le voir dans votre vie. Il est impossible de le voir à travers une idéologie, à travers un écran de mots, à travers l’espoir et la peur.


Nous voyons donc que nous ne pouvons dépendre de personne. Il n’existe pas de guide, pas d’instructeur, pas d’autorité. Il n’y a que nous et nos rapports avec les autres et avec le monde. Il n’y a pas autre chose. Lorsque l’on s’en rend compte, on peut tomber dans un désespoir qui engendre du cynisme ou de l’amertume, ou, nous trouvant en présence du fait que nous et nul autre sommes responsables de nos pensées, de nos sentiments, et de nos actes, nous cessons de nous prendre en pitié. En général, nous prospérons en blâmant les autres, ce qui est une façon de se prendre en pitié.


Se libérer du connu – Ch. 1 – Stock




dimanche 5 janvier 2014

Si un homme est honnête et que les autres sont malhonnêtes comment peut-il continuer dans un pays brutal et destructeur ?

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Si un homme est honnête et que les autres sont malhonnêtes comment peut-il continuer dans un pays brutal et destructeur ?


Krishnamurti : Comment peut-on être honnête, si l’autre est malhonnête ? – Et comment peut-on être honnête dans un tel pays brutal et destructeur ? Demande un petit garçon. Est-ce que vous comprenez l’implication de cette question ? Ce petit garçon est préoccupé par son avenir, l’avenir que vous, de l’ancienne génération, avez construit. Vous êtes responsable de ce monde brutal et destructeur, et ce garçon dit : « Dois-je grandir dans cela ? » Donc déjà pour lui il y a le désespoir et la peur de faire face à ce monde monstrueux que l’ancienne génération a construit. Je crois que vous devriez avoir les larmes aux yeux.


Il demande : si on est honnête et que les autres sont malhonnêtes, que doit-on faire ?


On ne peut pas faire n’importe quoi envers un autre. Ce que l’on peut faire, c’est d’être honnête en dépit de la malhonnêteté autour de soi. Si vous êtes honnête parce que d’autres sont honnêtes, c’est malhonnête, car alors votre honnêteté est une chose rentable, qui conduit à votre progression, et ainsi vous devenez malhonnête. Messieurs, dans ce pays, comme ailleurs, il y a beaucoup de corruption, à la fois intérieurement et extérieurement ; mais quand on n’est pas corrompu intérieurement, aucun niveau de corruption extérieure ne peut toucher cette qualité intérieure de l’esprit qui n’est pas corrompu.


Si je vous aime parce que vous me haïssez, ou si je vous aime parce que vous me donnez de la nourriture, des vêtements et un abri, ou parce que vous me donnez du plaisir, psychologique ou sexuel, y a-t-il amour ? Alors à la question qu’a posée ce jeune garçon, savoir si l’on peut être honnête dans ce monde malhonnête – il découvrira la bonne réponse quand il sera complètement honnête avec lui-même. Alors, cela n’aura pas d’importance, qui est honnête ou qui est malhonnête.


Mais la responsabilité de ce monde brutal et destructeur n’est pas son affaire ; il est de la responsabilité des personnes plus âgées. Ce qui relève de notre affaire, c’est de veiller à ce qu’il soit éduqué de façon juste – pas simplement à passer quelques examens stupides, à ajouter quelques lettres après son nom, qui lui permettent d’obtenir un emploi dans un pays surpeuplé comme celui-ci. Notre affaire est de veiller à ce qu’il ait vraiment une bonne éducation, de sorte que intellectuellement et dans ses sentiments, il devienne mûr. Il ne deviendra pas mûr en lisant des livres et en recueillant les idées d’autres personnes, mais en étant intellectuellement libre de penser, d’observer, de raisonner, objectivement, avec précision, sainement. Cette éducation est quelque chose de total, de tous azimuts, pas uniquement la culture de la mémoire. Cela signifie qu’il sache qu’il est en contact avec la nature, avec les arbres, avec les oiseaux, les fleurs, avec la rivière – et parce qu’il est en contact avec la nature, il est en contact avec les êtres humains. Alors, peut-être, pourra-t-il créer un monde qui ne soit pas destructeur, qui ne soit pas brutal.


Collected Works – VARANASI – 3ème causerie aux étudiants – 17 décembre 1967




vendredi 3 janvier 2014

Le commencement de la méditation est la connaissance de soi.

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Le commencement de la méditation est la connaissance de soi, ce qui veut dire être conscient de chaque mouvement de la pensée et de l’émotion, connaitre toutes les couches de ma conscience – non seulement les couches superficielles, mais les activités cachées, secrètes, profondes. Mais pour connaître les activités profondément cachées, les mobiles secrets, les réponses, les pensées et les sentiments, il faut qu’il y ait de la tranquillité dans l’esprit conscient ; c’est-à-dire que l’esprit conscient doit être immobile afin de recevoir les projections de l’inconscient. L’esprit superficiel, conscient, est absorbé par ses activités quotidiennes : gagner de l’argent, tromper les gens, exploiter, s’évader des problèmes – toutes les activités quotidiennes de notre existence. Cet esprit superficiel doit comprendre la vraie signification de ses activités et, ce faisant, introduire une tranquillité en lui-même. Il ne peut pas provoquer une tranquillité, une immobilité, par un enregistrement, par une contrainte, par une discipline. Il ne peut engendrer la tranquillité, la paix, le calme, qu’en comprenant ses propres activités, en les observant, en en étant conscient, en voyant sa dureté, la façon dont il parle à son domestique, à sa femme, à sa fille, à sa mère, etc. Lorsque l’esprit conscient superficiel est ainsi éclairé sur toutes ses activités, par cette compréhension, il devient spontanément calme (non drogué par des contraintes ou des désirs enrégimentés) et alors, il est dans une situation où il peut recevoir les émissions, les suggestions de l’inconscient, de ces nombreuses couches de l’esprit que sont les instincts raciaux, les souvenirs enterrés, les poursuites cachées, les blessures profondes et encore ouvertes. Ce n’est que lorsque la conscience entière est déchargée, débarrassée de toute mémoire, quelle qu’elle soit, qu’elle est en état de recevoir l’éternel.


Donc, la méditation est la connaissance de soi, et sans connaissance de soi il n’y a pas de méditation. Si vous n’êtes pas averti de toutes vos réactions tout le temps, si vous n’êtes pas pleinement conscient, pleinement informé de vos activités quotidiennes, vous enfermer dans une chambre et vous asseoir devant le portrait de votre gourou, de votre maître, faire puja, méditer, est une évasion. Sans connaissance de soi il n’y a pas de pensée correcte, et ce que vous faites n’a pas de sens, quelle que soit la noblesse de vos intentions. La prière n’a aucun sens sans connaissance de soi ; mais lorsqu’il y a connaissance de soi, on pense juste, donc l’action est correcte. Et lorsque l’action est correcte, il n’y a pas de confusion, donc pas de supplication pour que l’on vienne vous tirer d’affaire. Un homme pleinement lucide est en état de méditation ; il ne prie pas, parce qu’il ne veut rien. Par la prière, par l’enrégimentement, par la répétition, par des japam et tout le reste, vous pouvez amener une certaine tranquillité ; mais ce n’est qu’un abrutissement qui réduit l’esprit et le coeur à un état de lassitude. C’est droguer l’esprit ; et l’exclusion, que vous appelez concentration, ne mène pas à la réalité – aucune exclusion ne peut jamais le faire. Ce qui engendre la compréhension est la connaissance de soi, et il n’est pas très difficile d’être lucide si l’on en a réellement l’intention. Si cela vous intéresse de découvrir le processus total de vous-même – non simplement la partie superficielle, mais le processus total de votre être entier – c’est relativement facile. Si vous voulez réellement vous connaître, vous sonderez votre coeur et votre esprit afin de connaître tout leur contenu ; et lorsqu’il y a l’intention de savoir, on sait. L’on peut alors suivre, sans condamnation ou justification chaque mouvement de la pensée et de l’émotion ; et en suivant chaque pensée et chaque sentiment à mesure qu’ils surgissent, on donne lieu à une tranquillité qui n’est pas imposée, qui n’est pas enrégimentée, mais qui provient de ce que l’on n’a pas de problèmes, pas de contradiction. C’est comme l’étang qui devient paisible, tranquille, un soir où il n’y a pas de vent. Et lorsque l’esprit est immobile, ce qui est immesurable entre en être.


Ce texte est extrait du livre intitulé « De la connaissance de soi »- Editions Le Courrier du Livre.