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dimanche 27 octobre 2013

Comment peut-on mettre fin au centre, que puis-je faire ?

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Mais, direz-vous, comment le centre peut-il disparaître ? Que dois-je faire pour qu’il s’efface ? Quels exercices ? Quels efforts importants devrais-je faire ?


Aucuns. Voyez. Simplement. Voyez les activités de ce centre, sans intervenir. Pas comme un observateur, pas en regardant en vous-même comme de l’extérieur ; observez sans le censeur, simplement.


Alors vous pourriez dire : je ne peux pas faire ça, je regarde toujours avec les yeux du passé. Alors soyez conscient de ce fait que vous regardez avec les yeux du passé et restez présent à cela. N’essayez pas d’y faire quoique ce soit. Soyez simple et sachez que quoi que vous tentiez, cela ne fera que renforcer le centre. Cela ne sera qu’une réponse à votre propre désir de fuir.


Il n’y a donc pas d’évasion, pas d’effort, pas de désespoir. C’est alors que vous pouvez percevoir toute la signification de ce centre et l’immense danger qu’il représente. C’est tout.


Bulletin n°6 de l’ACK – Automne 1970 – Copyright © Krishnamurti Foundation, Londres 1970.




Une des choses les plus importantes qui soient est l’art de vivre

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Comme nous l’avons dit, une des choses les plus importantes qui soient est l’art de vivre. Y a-t-il une façon de vivre notre vie quotidienne qui soit entièrement différente de celle que nous vivons habituellement et que nous connaissons tous ?


Y a-t-il une façon de vivre sans aucune contrainte, sans aucun conflit, sans la discipline du conformisme ? Comment vais-je le découvrir ? Je ne pourrai le découvrir que si mon esprit tout entier voit exactement ce qui se passe à l’instant présent. En d’autres termes, je ne peux découvrir ce que signifie vivre sans conflit que si je peux observer ce qui se passe en ce moment. Cette observation n’a rien d’intellectuel ou d’émotionnel C’est une perception aigüe, claire et exacte dans laquelle il n’y a pas de dualité. Il n’y a que le réel et rien d’autre.


Question : Qu’entendez-vous par dualité dans ce cas ?


Krishnamurti : Je veux dire qu’il n’y a ni opposition ni contradiction dans ce qui est entrain de se passer. La dualité n’apparaît que lorsque qu’il y a fuite devant ce qui est. Cette fuite suscite l’opposé et alors surgit le conflit. Seul le réel existe, et rien d’autre.


Lettre aux écoles N° 23 – Le Courrier du Livre – 1989




La beauté créative en nous.

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La beauté comprend évidemment la beauté formelle; mais, sans beauté intérieure, la seule appréciation sensuelle de la beauté formelle conduit à la dégradation, à la décomposition.


La beauté intérieure n’existe que lorsque vous ressentez un réel amour des gens et des choses de la terre; avec cet amour vient un sentiment formidable de respect, de sollicitude, de patience.


Vous pouvez être techniquement parfait comme chanteur ou comme poète, vous pouvez savoir peindre ou manier les mots, mais sans cette beauté créative intérieure votre talent n’a que bien peu de signification.


Malheureusement, nous devenons tous ou presque des techniciens. Nous passons des examens, apprenons telle ou telle technique pour gagner notre vie; mais acquérir une technique, développer une compétence sans tenir compte de l’état intérieur, c’est ce qui produit chaos et laideur dans le monde.


Si nous éveillons la beauté créative en nous, elle s’exprime au dehors, et alors l’ordre est là.

This Matter of Culture, p 72




samedi 26 octobre 2013

Existe-t-il un autre type de perception ?

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La perception, la lucidité nous a montré la nature du piège, et il s’ensuit la négation de tous les pièges


Question. – Existe-t-il un autre type de perception ? Peut-il exister une autre dimension dans la prise de conscience ?


Réponse. – Encore une fois, soyons prudents, soyons absolument certains de ne pas poser une question avec un mobile. S’il y a un motif, nous sommes retombés dans le piège de la réaction conditionnée. Mais quand l’observateur est totalement silencieux, et non pas contraint au silence, assurément une nouvelle qualité de perceptivité a pris naissance.


Question. – Mais quelle action peut-il y avoir en aucune circonstance sans qu’il y ait observateur – quelle question, quelle action ?


Réponse. – Encore une fois cette question la posez-vous depuis cette rive du fleuve ou depuis l’autre ? Si vous êtes sur l’autre rive du fleuve, la question vous ne la poserez pas ; si vous êtes sur cette rive-ci votre action se poursuivra sur elle. Il y a donc une perceptivité propre à cette rive-ci avec sa structure, sa nature et tous ses pièges ; vouloir s’évader du piège c’est tomber dans un autre piège. Et tout cela est d’une monotonie mortelle !

La perception, la lucidité nous a montré la nature du piège, et il s’ensuit la négation de tous les pièges ; ainsi l’esprit est vide. Il est vidé du « moi » et du piège. L’esprit a maintenant une qualité différente, une dimension différente dans sa perceptivité. Cette perceptivité ne perçoit pas qu’elle perçoit…




jeudi 24 octobre 2013

Le conditionnement fait que nous accordons une grande importance à la pensée, au moi, au centre qu’est l’égo

Krishnamurti : Par quoi allons-nous commencer ?


David Bohm : Vous avez dit, je crois – si j’ai bien compris – , que notre processus mental, s’il est sain et en bon ordre, peut avoir pleinement conscience de l’action de la vérité et évoluer en harmonie avec elle. En revanche, si le processus de pensée subit des distorsions et un conditionnement, cette prise de conscience ne peut pas se faire, mais la vérité peut cependant avoir un impact physique réel sur les cellules du cerveau.


K : A votre avis, est-ce vrai ?


D.B : Je n’en sais rien, nous essayons de creuser la question.


K : Personnellement, j’ai l’impression que c’est vrai.


D.B : Le cerveau est une entité matérielle. La matière existe, elle a une réalité tangible, distincte de la pensée, mais nous la connaissons mal. Seuls certains de ses aspects sont connus de nous, les arcanes de la matière sont une énigme et le demeureront peut-être à jamais, même si nos connaissances progressent. Le cerveau, étant fait de matière, a tous les attributs constitutifs de la matière. Mais ces profondeurs secrètes et inconnues où la pensée jaillit de la matière restent pour nous impénétrables.

La pensée a subi des conditionnements successifs au fil du temps, dus pour une part à l’hérédité et pour une autre à la tradition, à la culture et à l’environnement. La pensée a été rodée à s’illusionner, à falsifier, à déformer. E t tout cela est inscrit dans la structure matérielle du tissu cérébral. En un certain sens, ce conditionnement constitue une forme subtile de dégradation du cerveau.

Le conditionnement fait que nous accordons une grande importance à la pensée, au moi, au centre qui est l’égo. Il surcharge le cerveau, le déforme et finit peu à peu par l’endommager.


K : Voulez-vous dire par là que lorsque le cerveau est soumis à des contraintes excessives, en raison du contexte économique, de l’environnement social…


D.B : … de la peur et de la souffrance…


K : … et de tout ce qui échoit aux êtres humains, les cellules cérébrales seraient endommagées ? Oui, cette hypothèse me paraît valable….


Les limites de la pensée. Pages 149 et 150. Chapître : La tradition et la vérité. Editions Stock. 1999,


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L’amour est la liberté à l’égard du connu

Il n’est rien de permanent, tant dans le présent que dans l’avenir immédiat, le futur ; le schéma façonné par la pensée et le sentiment, le schéma du connu, est pulvérisé par une mise en question et une écoute justes. La connaissance de soi, des habitudes de la pensée et du sentiment, par l’écoute de chacun de leurs mouvements, met fin au connu. Le connu engendre la souffrance et l’amour est la liberté à l’égard du connu.

Carnets p. 288 Editions du Rocher




mercredi 23 octobre 2013

Qu’appelons-nous solitude ?

Qu’appelons-nous solitude ? Le sentiment d’être vide, de ne rien posséder, d’être extraordinairement incertain, sans racine nulle part


— Je commence à me rendre compte que je suis dans un état d’extrême solitude. Que dois-je faire ?


— Vous voulez savoir pourquoi vous éprouvez un sentiment de solitude. Savons-nous ce que veut dire la solitude et en sommes-nous conscients ?

J’en doute fort, car nous sommes plongés dans des activités, dans des livres, dans des fréquentations, dans des idées qui nous empêchent de nous rendre compte de notre solitude.


Qu’appelons-nous solitude ? Le sentiment d’être vide, de ne rien posséder, d’être extraordinairement incertain, sans racine nulle part. Ce n’est pas du désespoir, ni une désespérance, mais une vacuité et un sens de frustration. Je suis sûr que nous l’avons tous ressenti, ceux d’entre nous qui sont heureux, comme ceux qui sont malheureux, les très, très actifs comme ceux qui s’adonnent à l’étude. Nous connaissons tous cela.


C’est le sens d’une douleur inépuisable, d’une douleur que l’on ne peut pas étouffer, quelque effort que l’on fasse dans ce sens. Abordons ce problème en cherchant à voir ce qui se produit réellement, comment nous nous comportons au juste lorsque nous éprouvons ce sentiment de solitude. Nous essayons de le fuir. Vous poursuivez votre lecture interrompue, vous allez consulter un sage, vous allez au cinéma, vous devenez très, très actif socialement, vous allez prier, vous vous mettez à peindre, ou bien à écrire un poème sur la solitude. C’est cela qui se produit en fait.


Prenant conscience de votre solitude, de la douleur qu’elle comporte, de la peur insondable qui l’accompagne, vous cherchez une évasion, et c’est une évasion qui devient importante ; par conséquent vos activités, vos connaissances, vos dieux, vos radios deviennent importants aussi.


Lorsque vous accordez de l’importance à des valeurs secondaires, elles mènent au chaos, car les valeurs secondaires sont inévitablement sensorielles. Et la civilisation moderne basée sur elles vous offre les évasions que vous cherchez par le truchement de votre emploi, de votre famille, de votre nom, de vos études, de vos expressions artistiques, etc. Toute notre culture est basée sur ces évasions. Notre civilisation est fondée dessus, c’est un fait.


Avez-vous jamais essayé d’être seul ?




dimanche 13 octobre 2013

Aucun expert, aucun spécialiste ne peuvent nous montrer comment comprendre le processus de notre moi.

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La connaissance de soi est le début de la compréhension ; sans cette connaissance, les contradictions et les conflits existeront toujours. Et pour connaître le processus total de soi-même l’on n’a besoin d’aucun expert, d’aucune autorité.


La soumission à l’autorité n’engendre que la crainte. Aucun expert, aucun spécialiste ne peuvent nous montrer comment comprendre le processus de notre moi. Chacun de nous doit s’étudier soi-même.


Vous et moi pouvons mutuellement nous aider en en parlant, mais personne ne peut mettre au jour nos replis secrets, aucun spécialiste, aucun sage ne peuvent les explorer pour nous.


Nous ne pouvons être réellement conscients de notre moi qu’au cours de nos relations avec les choses, les possessions, les personnes, les idées. C’est dans l’ordre de ces relations que nous voyons comment la contradiction surgit aussitôt que l’action cherche à se conformer à une idée.


L’idée n’est qu’une cristallisation de la pensée en un symbole et l’effort de se conformer au symbole engendre une contradiction.


La première et dernière liberté Sur l’état de contradiction




samedi 12 octobre 2013

L’organisme physique, a-t-il son intelligence propre ? Il l’a lorsque les sens agissent ensemble, en harmonie, de sorte qu’il n’y a pas de tension, pas d’exigences émotionnelles ou sensorielles du désir.

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Le corps peut-il être conscient de lui-même ? Il ne s’agit pas de vous, ayant conscience de votre propre corps, mais du corps ayant conscience de lui-même. Il est très important de le découvrir.


Un autre ne peut l’enseigner, car ce serait alors une information de seconde main que la pensée s’imposerait à elle-même. C’est vous-même qui devez découvrir si l’organisme tout entier, l’entité physique, peut être conscient de soi. Vous pouvez être conscient du mouvement d’un bras, d’une jambe ou de la tête et, par ce mouvement, sentir que vous devenez conscient du tout, mais notre question est la suivante : le corps peut-il être conscient de lui sans qu’il y ait mouvement ? Il est essentiel de le découvrir parce que la pensée a imposé son modèle au corps : ce qu’elle considère comme étant le bon exercice, la bonne nourriture, etc.


La pensée domine donc l’organisme. Il y a consciemment ou inconsciemment, lutte entre la pensée et l’organisme. C’est ainsi que la pensée détruit l’intelligence naturelle du corps. Celui-ci, l’organisme physique, a-t-il son intelligence propre ? Il l’a lorsque les sens agissent ensemble, en harmonie, de sorte qu’il n’y a pas de tension, pas d’exigences émotionnelles ou sensorielles du désir.


Lettres aux écoles N°21. Vol.1 – 1° juillet 1979




jeudi 10 octobre 2013

Briller de sa propre lumière

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Vous devez être une lumière pour vous-même.


L’homme doit commencer à redécouvrir ce qui est éternellement sacré, il ne doit pas se laisser prendre par l’interprète, le prêtre, le gourou, par les camelots de la méditation. Vous devez être une lumière pour vous-même. Cette lumière ne peut jamais être donnée à un autre, par un philosophe ou un psychologue, même s’il est respecté par la tradition.


La liberté c’est être seul, sans attache et sans peur, libre dans la compréhension du désir qui engendre l’illusion. Il y a une immense force à être seul. C’est le cerveau conditionné, programmé, qui n’est jamais seul, car il est plein de savoir. Ce qui est programmé, religieusement ou techniquement, est toujours limité. Cette limitation est le principal facteur de conflit.


Extrait d’un journal inédit – « La beauté est dangereuse » – Bulletin n°57 de l’ACK -




mercredi 9 octobre 2013

L’ordre est nécessaire.

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Pour découvrir l’ordre, nous devons d’abord comprendre la nature de nos relations


L’ordre est nécessaire dans nos activités de tous les jours, l’ordre dans nos actes et l’ordre dans nos relations avec les autres. Il nous faut comprendre que la qualité même de l’ordre est complètement différente de celle de la discipline. L’ordre naît quand nous apprenons directement sur nous-mêmes – sans nous référer à un philosophe ou à un psychologue. Nous découvrons l’ordre par nous-mêmes quand nous sommes libres de tout sentiment de compulsion, libres de tout sentiment d’efforts déterminés pour mettre de l’ordre dans une certaine direction. Cet ordre vient tout naturellement. Dans cet ordre il y a vertu. Il ne s’agit pas d’un ordre qui se réfère à un modèle ou qui s’applique seulement au monde extérieur devenu complètement chaotique, mais d’un ordre intérieur là où nous ne sommes pas clairs mais confus et incertains. Apprendre sur soi-même fait partie de l’ordre. Si vous suivez quelqu’un, aussi savant soit-il, vous ne pourrez pas vous comprendre.

Pour découvrir ce qu’est l’ordre, nous devons d’abord comprendre la nature de nos relations. Notre vie évolue dans le domaine des relations ; quelle que soit la solitude dans laquelle nous pensons vivre, nous sommes toujours reliés à une chose ou à une autre, soit au passé, soit à une image que l’on projette dans le futur. Donc, la vie évolue dans le domaine des relations et dans ces relations, il y a désordre.

Il nous faut examiner attentivement pourquoi nous vivons dans un tel désordre dans nos relations avec les autres – qu’elles soient intimes ou superficielles.

La nature de la pensée. Pages 71 et 72. Chapître 4. Editions Pocket




mardi 8 octobre 2013

Il n’y a de beauté que lorsque le coeur et l’esprit savent ce qu’est l’amour

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La beauté n’est pas dans ce que l’on voit : elle n’est pas celle dont on dit : « C’est un bel arbre, un beau tableau, un bel édifice, une belle femme. »


Il n’ y a de beauté que lorsque le coeur et l’esprit savent ce qu’est l’amour. Sans l’amour et sans cette beauté, il n’y a pas de vertu, et vous savez fort bien que, quoi que vous fassiez : que vous amélioriez la société ou nourrisssiez les pauvres, vous ne feriez qu’ajouter au chaos, car sans amour il n’y a que laideur et pauvreté dans votre coeur et votre esprit. Mais avec la présence de l’amour et de la beauté, tout ce que l’on fait est bien fait, ordonné, correct. Si l’on sait aimer, on peut faire ce que l’on veut, parce que cela résoudra tous les autres problèmes.


Nous arrivons au point suivant : peut-on entrer en contact avec l’amour sans disciplines, ni impositions, ni livres sacrés, ni le secours de guides spirituels, et même sans l’intervention de la pensée ? Le rencontrer, en somme, à la façon dont on aperçoit soudain un beau coucher de soleil ?


Une chose, me semble-t-il, est nécessaire à cet effet : une passion sans motif, une passion non engagée, et qui ne soit pas d’ordre sensuel. Ne pas connaître cette qualité de passion c’est ne pas savoir ce qu’est l’amour, car l’amour ne peut prendre naissance que dans un total abandon de soi.


Chercher l’amour – ou la vérité – n’est pas le fait d’un esprit réellement passionné. Rencontrer l’amour sans l’avoir cherché est la seule façon de le trouver : le rencontrer sans s’y attendre, non en tant que résultat d’efforts, ni parce que l’on a acquis de l’expérience.


Un tel amour n’est pas tributaire du temps, il est à la fois personnel et impersonnel, il s’adresse à la fois à l’individu et au nombre. Semblable à la fleur qui a son parfum, on peut s’en délecter ou passer outre.


Se libérer du connu. Pages 106 et 107. L’amour. Editions Stock.




dimanche 6 octobre 2013

La négation absolue ?

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Pour que la vision soit totale, il faut que le cerveau soit en état de négation absolue


L’aptitude suscite la vanité, l’envie, et son accomplissement devenant primordial, elle engendre l’inimitié, le désordre, la souffrance ; elle n’a de valeur que dans une conscience totale de l’existence.


La vie ne se limite pas au niveau fragmenté que sont le domaine alimentaire, celui du sexe, de la prospérité ou de l’ambition ; la vie n’est pas fragmentaire ; quand elle le devient, elle se transforme en désespoir absolu, en souffrance sans fin.


Le cerveau fonctionne en se spécialisant dans la fragmentation, dans des activités qui l’isolent dans le champ limité du temps. Il est incapable de voir la totalité de la vie ; aussi éduqué soit-il, le cerveau n’est qu’une partie et non l’ensemble.


Seul l’esprit voit la totalité et dans son domaine est inclus le cerveau ; celui-ci, quoiqu’il fasse, ne peut contenir l’esprit.

Pour voir totalement, le cerveau doit se trouver en état de négation.


La négation n’est pas l’opposé de l’affirmation ; tous les opposés sont reliés entre eux. La négation n’a pas d’opposé. Pour que la vision soit totale, il faut que le cerveau soit en état de négation absolue ; il ne doit pas intervenir par ses évaluations, justifications, condamnations et défenses. Il faut qu’il soit silence, sans aucune contrainte, laquelle ferait de lui un cerveau mort, uniquement capable d’imiter et de se conformer.


C’est en état de négation qu’il se trouve dans une immobilité sans choix. C’est alors seulement que se produit la vision totale. L’esprit est alors pleinement éveillé et cet état ne comporte ni observateur ni observé, mais seulement lumière, clarté. La contradiction et le conflit entre penseur et pensée prennent fin.

Carnets. Pages 192 et 193. Le 25 septembre 1961. Editions du Rocher. 1976.




mercredi 2 octobre 2013

I n esprit qu’on discipline n’est jamais libre.

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Un esprit qu’on discipline n’est jamais libre. Il ne peut pas être libre lorsque ses désirs sont refoulés ; il ne peut l’être que lorsqu’il commence à comprendre tout le processus du désir. Toute discipline limite l’esprit à un mouvement contenu dans le cadre d’un système de pensées et de croyances, de sorte qu’il ne lui est pas permis d’être intelligent. Se discipliner c’est se soumettre à une autorité, donc se rendre capable d’agir fonctionnellement à l’intérieur d’une armature sociale. Celle-ci utilise l’habileté fonctionnelle mais elle n’éveille pas une intelligence qui déploierait ses capacités propres. Les esprits qui n’ont pas cultivé autre chose que des capacités basées sur la mémoire sont semblables aux calculateurs électroniques qui pour surprenants qu’ils soient par leur habileté et leur précision, ne sont toujours que des machines.


Une autorité peut orienter notre pensée dans une direction particulière. Mais se faire guider pour penser d’une certaine façon, ou en termes d’une conclusion donnée, n’est pas penser du tout, c’est fonctionner comme une machine humaine et verser dans un mécontentement irréfléchi, dans un état malheureux qui comporte un sentiment de frustration.


Ce qui nous importe c’est que chaque être humain puisse se développer totalement. Il faut l’aider à réaliser pleinement ses plus hautes facultés, et non quelque faculté fictive que l’éducateur pourrait avoir en vue en tant que concept ou idéal.


Tout esprit de comparaison empêche la maturation de l’individu, qu’il soit homme de science ou jardinier.


Face à la vie. Pages 12 et 13.