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mardi 31 décembre 2013

Comment puis-je m’éveiller à cette sensibilité, à cette intelligence qui rend la vie extrêmement belle pour vous ?

Qu’est-ce qu’être transformé ?

Comment puis-je m’éveiller à cette sensibilité, à cette intelligence qui rend la vie extrêmement belle pour vous ?

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Auditeur : … En fait, je ne connais vraiment rien excepté un petit nombre de choses mécaniques qui sont en rapport avec mon travail ; je vois, en parlant avec vous, que ma vie est passablement terne, ou plutôt c’est mon esprit qui est lourd. Donc, comment puis-je m’éveiller à cette sensibilité, à cette intelligence qui rend la vie extrêmement belle pour vous ?


Krishnamurti : D’abord, Monsieur, on doit affiner les sens en regardant, en touchant, en observant, en écoutant non seulement les oiseaux, le bruissement des feuilles, mais aussi les mots dont vous faites usage vous-même, les sentiments que vous avez – quelque petits et mesquins qu’ils soient – toutes les suggestions secrètes de votre propre esprit. Ecoutez-les et ne les réprimez pas, ne les méprisez pas ou n’essayez pas de les sublimer. Simplement écoutez-les ! La sensibilité des sens ne signifie pas leur assouvissement, ne signifie pas que vous deviez céder aux impulsions ou leur résister, mais signifie simplement les observer de telle sorte que l’esprit soit toujours vigilant comme lorsque vous marchez sur une voie ferrée, sur un rail ; vous pouvez perdre votre équilibre, mais immédiatement vous revenez sur le rail. Ainsi, tout l’organisme devient vivant, sensible, intelligent, équilibré, tendu. Probablement vous considérez que le corps n’est pas du tout important. Je vous ai vu manger, et vous mangez comme si vous chargiez un fourneau. Vous pouvez aimer le goût de l’aliment, mais la façon dont vous mélangez les aliments dans votre assiette est si totalement mécanique, si inattentive ! Quand vous prenez conscience de tout cela, vos doigts, vos yeux, vos oreilles, votre corps, tout devient sensible, vivant, docile. C’est relativement facile. Mais, ce qui est plus difficile, c’est de libérer l’esprit des habitudes mécaniques, de pensée, de sentiment et d’action qu’il a été amené à prendre par les circonstances – par sa femme, ses enfants, son travail. L’esprit lui-même a perdu son elasticité. Les formes plus subtiles d’observation lui échappent. Cela signifie vous voir tel que vous êtes réellement sans vouloir vous corriger ou changer ce que vous voyez ou vous en évader – simplement vous voir réellement, tel que vous êtes, de sorte que l’esprit ne retombe pas dans une autre série d’habitudes. Quand un tel esprit regarde une fleur ou la couleur d’un vêtement ou une feuille morte tombant d’un arbre, il est désormais capable de voir le mouvement de cette feuille pendant qu’elle tombe, et la couleur de cette fleur, d’une façon vivante. Ainsi, à la fois, extérieurement et intérieurement, l’esprit devient hautement vivant, souple, alerte ; il y a une sensibilité qui rend l’esprit intelligent.. La sensibilité, l’intelligence et la liberté en action, c’est la beauté de la vie.


Auditeur : Très bien. Donc on observe, on devient très sensible, très vigilant et alors quoi ? Est-ce que c’est tout ce qu’il y a, simplement s’émerveiller sans fin à propos de choses parfaitement banales ? Je suis sûr que chacun fait cela continuellement, tout au moins quand il est jeune, et il n’y a pas là-dedans de quoi faire trembler la terre. Quoi alors ? N’y a-t-il pas quelque état ultérieur et non pas seulement cette observation dont vous parlez ?


Krishnamurti : Vous avez commencé cette conversation en posant une question au sujet de la beauté, en disant que vous ne la ressentiez pas. Vous avez dit aussi que dans votre vie il n’y a pas de beauté et, donc, nous étudions cette question de savoir ce qu’est la beauté, pas seulement verbalement et intellectuellement mais en percevant la pulsation même de la chose.


Auditeur : En effet, mais quand je vous ai posé cette question, je me demandais s’il n’y avait pas quelque chose au delà de cette simple observation sensible que vous décrivez.


Krishnamurti : Naturellement, il y a quelque chose, mais à moins que vous n’ayez la sensibilité d’observation, la vision de ce qui est infiniment plus grand ne peut pas survenir.


Auditeur : Tant de gens voient avec cette sensibilité exaltée ! Les poètes regardent avec un sentiment intense, mais dans tout cela il ne paraît y avoir aucune brèche en direction de ce quelque chose infiniment plus grand, infiniment plus beau, de ce quelque chose que les gens appellent le divin. Parce que je sens, fût-on très sensible ou plutôt lourd, comme je le suis, qu’à moins qu’il n’y ait une percée vers quelque dimension totalement différente, ce que nous percevons ce ne sont que des nuances variées de gris. Dans toute cette sensibilité dont vous dites qu’elle vient par l’observation, il me semble qu’il n’y a qu’une différence quantitative, juste une petite amélioration, et non quelque chose de réellement, d’immensément différent. Franchement, je ne suis pas intéressé à n’obtenir qu’un peu plus de la même chose.


Krishnamurti : Alors, que demandez-vous maintenant ? Demandez-vous comment effectuer une percée, à travers la grise et terne monotonie de la vie, conduisant à quelque dimension totalement différente ?


Auditeur : Oui. La beauté réelle doit être quelque chose d’autre que la beauté du poète, de l’artiste, du jeune esprit alerte, bien que je ne déprécie en aucune manière cette beauté.


Krishnamurti : Est-ce réellement cela que vous cherchez ? Est-ce réellement ce que vous voulez ? Si c’est le cas, il doit y avoir une révolution totale de votre être. Est-ce que c’est cela que vous voulez ? Voulez-vous une révolution qui mette en pièces tous vos concepts, vos valeurs, votre moralité, votre respectabilité, votre savoir – qui vous mette en pièces de telle sorte que vous soyez réduit au néant absolu, que vous n’ayez plus aucun caractère, que vous ne soyez plus le chercheur, l’homme qui juge, qui est agressif ou peut-être non agressif, de telle sorte que vous soyez complètement vide de tout ce qui est vous ? Cette vacuité est la beauté, avec son austérité extrême dans laquelle il n’y a pas une étincelle de dureté ou d’affirmation agressive. C’est ce que veut dire effectuer la percée, et est-ce cela que vous poursuivez ? Il doit y avoir une intelligence étonnante, qui ne soit pas de l’information ou du savoir. Cette intelligence opère continuellement, que vous soyez endormi ou éveillé.


C’est pourquoi nous disions qu’il doit y avoir cette observation de l’extérieur et de l’intérieur qui éveille, qui affine le cerveau. Et cette acuité même du cerveau le rend tranquille. Et c’est cette sensibilité, cette intelligence qui font que la pensée n’opère que lorsqu’il le faut ; le reste du temps le cerveau n’est pas ensommeillé, mais tranquille de manière vigilante. Et ainsi, le cerveau avec ses réactions ne crée pas de conflit. Il fonctionne sans lutte et, par conséquent, sans déformation. Alors, le faire et l’action sont immédiats, comme lorsque vous voyez un danger.


En conséquence, il y a toujours une libération à l’égard des accumulations conceptuelles. C’est cette accumulation conceptuelle qui est l’observateur, l’égo, le « moi » qui divise, résiste et construit des barrières. Quand le « moi » n’est pas, la percée n’est pas non plus, alors il n’y a pas de percée ; alors la totalité de la vie est dans la beauté de vivre, la beauté des rapports, sans qu’il y ait substitution d’une image par une autre, alors seulement l’infiniment grand est possible.


Extrait d’une discussion avec un petit groupe de personnes à Bombay – Bulletin 32 de l’ACK – été 1977


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dimanche 29 décembre 2013

Quelques livres …

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■ Krishnamurti,

La Révolution du silence (Stock, 1971),

L’éveil de l’intelligence (Stock, 1975),

Le Journal de Krishnamurti (Buchet-Chastel, 1983),

Le Temps aboli (Rocher, 1987),

De la liberté (Le Rocher, 1996),

À propos de Dieu (Stock, 1997),

Le Vol de l’aigle (Presses du Châtelet, 2009).


■ Dominique Schmidt,

Dialogue sur les écrits inédits de Krishnamurti (Schmidt, 2004).


■ Zeno Bianu,

Krishnamurti ou l’insoumission de l’esprit (Guy Trédaniel, 1996).


■ Susunaga Weeraperuma,

Krishnamurti tel que je l’ai connu (Buchet-Chastel, 1991).


http://www.lemondedesreligions.fr/mensuel/2010/41/jiddu-krishnamurti-07-05-2010-186_107.php




Cette conscience est commune à l’humanité toute entière.

Cette conscience est commune à l’humanité toute entière.


Ceci doit être clairement compris.


Il n’y a là nulle contradiction ; il ne s’agit pas d’un point de vue, de quelque invention de l’auteur.


Si nous examinons les choses très à fond, d’une manière objective et non personnelle, nous constatons que, psychologiquement, tel est bien le fond commun de l’humanité toute entière.


Cette nouvelle ne nous réjouit pas forcément, car nous croyons tous êtres des individus, distincts de tous les autres, et nous nous efforçons de nous identifier à quelque chose, de nous réaliser, de devenir.


Nous sommes tous individualistes, étriqués, limités.


Mais la réalité, sur le plan psychologique, c’est que nous ne sommes pas des individus.


Vous êtes le collectif. Nous sommes le résultat de ces millions et millions d’années.


Notre conscience est la conscience commune de toute l’humanité.


Et si nous ne comprenons pas cela très clairement, nous ne serons pas en mesure de poursuivre cette investigation de manière lucide.


Krishnamurti à Ojai le 9 mai 1981.


Traduction en français extraite du bulletin de l’ACK n° 69 – Deuxième bulletin 1995 (1996).




samedi 28 décembre 2013

L’esprit doit, avant tout, se libérer du conditionnement.

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L’esprit doit, avant tout, se libérer du conditionnement


S’engager dans la liberté et découvrir ce qu’est l’amour – seules comptent ces deux choses-là : la liberté et ce qu’on appelle « l’amour ». Sans liberté totale, l’amour ne peut exister, et tout homme sérieux se consacre uniquement à ces deux choses-là et à rien d’autre. La liberté sous-entend que l’esprit se libère totalement de tout conditionnement, n’est-ce pas ? En d’autres termes, pour se déconditionner – ne plus être hindou, sikh, musulman, chrétien ou communiste – l’esprit doit être complètement libre. Car cette division entre les hommes, en tant qu’hindous, bouddhistes, musulmans et chrétiens ou Américains, communistes, socialistes, capitalistes, etc. engendre le désastre, la confusion, le malheur et la guerre.

L’esprit doit donc, avant tout, se libérer du conditionnement. Vous dites peut-être que c’est impossible. Si c’est impossible, il n’y a pas d’issue. C’est comme un homme emprisonné, disant : « Je ne peux pas sortir ». Tout ce qu’il peut faire, c’est décorer sa prison, l’améliorer, la rendre plus confortable, plus commode, en réduisant ses activités et en se réduisant lui-même à l’espace limité des quatre murs qu’il a lui-même construits. Tant de gens disent que c’est impossible – l’ensemble du monde communiste affirme que c’est impossible, et donc on conditionne l’esprit autrement, d’abord par un lavage de cerveau, puis par un nouveau conditionnement sur le mode communiste.

Les croyants ont fait exactement la même chose. Depuis l’enfance, ils subissent un lavage de cerveau, les conditionnant à croire qu’ils sont hindous, sikhs, musulmans et catholiques. Les religions parlent d’amour et de liberté, mais en fait elles insistent sur le conditionnement de l’esprit.


De la liberté. Pages 143 et 144. New Delhi, le 19 novembre 1967. Editions du Rocher. 1996.




vendredi 27 décembre 2013

La passion, laquelle ?

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Nous parlons d’une passion qui n’est pas stimulée, qui n’a pas de cause


Sans la raison, la passion devient un simple appétit sensuel source de plaisir. La passion qui est stimulée, qui a un motif, devient plaisir ; et le plaisir entraîne douleur, anxiété, peur. Nous parlons d’une passion qui n’est pas stimulée, qui n’a pas de cause. Parce qu’une telle passion implique le feu d’une attention complète, le don total de soi à quelque chose, avec logique, sainement, avec raison, une chose pour laquelle il n’y a pas d’attachements, pas de croyance, pas de dogme. Sans cette passion on ne peut pas aller bien loin.

Oeuvres Collectées. Vol. 14 – Entretien 6, 26 Février 1964, Bombay




jeudi 26 décembre 2013

Nous ne savons pas si nous sommes riches ou pauvres

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Le monde est un bon endroit, nous mettons tout en œuvre pour y échapper par le culte, la prière, nos amours et nos peurs. Nous ne savons pas si nous sommes riches ou pauvres, nous ne sommes jamais allés en profondeur en nous-mêmes et n’avons découvert ce qui est. Nous existons à la surface, satisfaits de si peu, et rendus heureux et malheureux par de si petites choses. Nos petits esprits ont de petits problèmes et de petites réponses, et c’est ainsi que nous passons nos journées. Nous n’aimons pas, et quand nous le faisons c’est toujours avec la peur et la frustration, avec la peine et la nostalgie.

Lettres à une jeune amie – 16




L’âme du monde

L’Âme du monde illustrée



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Paru le 3 octobre 2013, éditeur : NIL


Nouvelle édition magnifiquement illustrée par les aquarelles d’Alexis Chabert.


Quelle force mystérieuse a poussé sept sages – un lama tibétain, un moine chrétien américain, une mystique indienne, un kabbaliste israélien, une philosophe néerlandaise, un maître soufi africain, une chamane de Mongolie, un maître taoïste chinois –, représentant les grandes traditions spirituelles de l’humanité, à se retrouver dans un monastère perdu du Tibet ?

Pressentant l’imminence d’une catastrophe mondiale, ils sont venus enseigner au jeune Tenzin les clés fondamentales de la sagesse.

Oubliant volontairement ce qui les sépare de par leurs cultures et religions respectives, ils vont transmettre un message philosophique et spirituel fondé sur leur expérience personnelle. Un message qui répond aux questions cruciales que se pose tout être humain, à tout âge : Pourquoi suis-je sur terre ? Comment réussir ma vie ? Un enseignement universel qui aide à vivre, au-delà de tout dogme et de toute croyance.





mardi 24 décembre 2013

Vous travaillez dur pour votre vie quotidienne…

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Vous travaillez dur pour votre vie quotidienne…mais œuvrer pour que l’esprit soit libre est beaucoup plus ardu.


Vous travaillez dur pour votre vie quotidienne, vous consacrez des années entières à cette affaire qui consiste à être dirigé pour gagner votre vie, en supportant les insultes, l’inconfort, l’indignité, la flagornerie. Mais œuvrer pour que l’esprit soit libre est beaucoup plus ardu ; cela requiert une grande pénétration d’esprit, une grande compréhension, une conscience large dans laquelle l’esprit connaît tous ses obstacles, ses blocages, ses mouvements d’aveuglement, ses fantasmes, ses illusions, ses mythes.


Une fois que l’esprit est libre, il peut commencer à enquêter, à rechercher, mais pour un esprit, chercher alors qu’il n’est pas libre n’a pas de sens. Est-ce que vous comprenez ? L’esprit qui voudrait trouver la vérité, Dieu, cette extraordinaire beauté et la profondeur de la vie, la plénitude de l’amour, doit d’abord être libre. Cela n’a pas de sens pour un esprit qui est mis en forme, qui est conditionné, tenu dans les limites de la tradition, de dire « Je cherche la vérité, Dieu ». Un tel esprit est comme un âne attaché à un poteau : il ne peut aller plus loin que la longueur de sa corde.


Œuvres collectées, Vol X – 164




dimanche 22 décembre 2013

nous ne semblons pas capables de mourir dans la dignité et la simplicité, avec le sourire.

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Malgré le grand nombre de médecins, les médicaments et les hôpitaux, les opérations et tous les efforts de l’existence comme ses plaisirs, nous ne semblons pas capables de mourir dans la dignité et la simplicité, avec le sourire.


Ce matin, nous descendions sur la route. C’était le printemps et le ciel était exceptionnellement bleu, sans le moindre nuage, le soleil chaud sans excès. On se sentait bien. Les feuilles brillaient dans l’air étincelant. Tout était vraiment d’une beauté extraordinaire. La haute montagne était là, impénétrable, entourée de collines verdoyantes. Comme nous marchions tranquillement, sans trop penser, nous avons aperçu à nos pieds une feuille morte, marquée de jaune et de rouge éclatant, une feuille d’automne. Comme elle était belle, si simple dans sa mort, si vivante, pleine de la beauté de la vitalité de son arbre, de l’été. Elle ne s’était pas fanée. En la regardant de près, on pouvait distinguer toutes ses nervures, sa tige et sa forme parfaite. Dans cette feuille s’inscrivait l’arbre entier.


Pourquoi les hommes meurent-ils si lamentablement, dans une telle affliction, dans la maladie, les infirmités du grand âge, la sénilité et cette affreuse décrépitude du corps ? Pourquoi ne peuvent-ils pas mourir naturellement, aussi beaux dans la mort que cette feuille ? Qu’est-ce qui ne va pas en nous ? Malgré le grand nombre de médecins, les médicaments et les hôpitaux, les opérations et tous les efforts de l’existence comme ses plaisirs, nous ne semblons pas capables de mourir dans la dignité et la simplicité, avec le sourire.


Dernier Journal – Vendredi 30 mars 1984




La peur n’est pas simplement à la surface de l’esprit.

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La peur n’est pas simplement à la surface de l’esprit.


Pour comprendre ce problème de la peur, vous devez y entrer le plus profondément possible, parce que la peur n’est pas simplement à la surface de l’esprit. La peur ce n’est pas seulement être effrayé par votre voisin ou perdre un emploi ; c’est beaucoup plus profond que cela, et comprendre cela requiert une pénétration en profondeur. Pour pénétrer profondément, vous avez besoin d’un esprit très aiguisé, et l’esprit n’est pas rendu aiguisé par de simples argumentations ou évitements.


On doit entrer dans le problème pas à pas, et c’est pourquoi il est très important de comprendre ce processus entier de donner un nom. Quand vous nommez un groupe entier de gens en les appelant Musulmans, ou ce que vous voulez, vous vous débarrassez d’eux ; vous n’avez pas besoin de les regarder comme des individus, ainsi le nom, le mot, vous a empêché d’être un être humain dans une relation avec d’autres êtres humains. De la même façon, quand vous nommez un sentiment, vous n’observez pas le sentiment, vous n’êtes pas totalement avec le fait.


Oeuvre collectées, Vol. XI -151




samedi 21 décembre 2013

Etes-vous quelque chose en vous-même ?

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Interlocuteur : Si je n’ai aucune image de moi-même, alors je ne suis rien.


Krishnamurti : Mais êtes-vous quelque chose de toutes façons ? [Rires] S’il vous plaît ne riez pas, c’est bien trop sérieux. Etes-vous quelque chose en vous-même ? Retirez de vous-même votre nom, vos titres, argent, position, votre petite capacité à écrire un livre et en être flatté – alors qu’êtes-vous ?


Ainsi pourquoi ne pas réaliser et être cela ? Vous voyez, nous avons une image de ce qu’est n’être rien, et nous n’aimons pas cette image ; mais le fait réel de n’être rien, quand vous n’avez pas d’image, peut être entièrement différent. Et c’est entièrement différent. Ce n’est pas un état qui peut être réalisé en termes de n’être rien ou d’être quelque chose. C’est entièrement différent quand il n’y a aucune image de vous-même. Et n’avoir aucune image de vous-même exige une attention immense, un sérieux immense. C’est uniquement celui qui est attentif, celui qui est sérieux, qui vit, pas les gens qui ont des images d’eux-mêmes.


Oeuvres collectées, Vol. XV – 196




vendredi 20 décembre 2013

Avez-vous jamais regardé la peur ?

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Avez-vous jamais fait face à la peur ? S’il vous plaît, écoutez la question attentivement. Avez-vous jamais regardé la peur ? Ou au moment d’être conscient de la peur, êtes-vous déjà dans un état de fuite du fait ? Je vais entrer un petit peu plus dans cela, et vous verrez ce que je veux dire.


Nous nommons, nous donnons un terme à nos différents sentiments, n’est-ce pas ? En disant « je suis en colère », nous avons donné un terme, un nom, une étiquette à un sentiment particulier. Maintenant, veuillez regarder votre propre esprit très clairement. Quand vous avez un sentiment, vous nommez ce sentiment : vous l’appelez colère, convoitise, amour, plaisir, n’est-ce pas ? Et ce fait de nommer le sentiment est un processus d’intellection qui vous empêche d’observer le fait, c’est-à-dire, le sentiment.


Vous savez, quand vous voyez un oiseau et que vous vous dites à vous-même qu’il s’agit d’un perroquet, ou d’un pigeon ou d’un corbeau, vous ne regardez pas l’oiseau. Vous avez déjà cessé de regarder le fait, parce que le mot perroquet, pigeon ou corbeau s’est introduit entre vous et le fait.


Ce n’est pas quelque exploit intellectuel difficile, mais un processus de l’esprit qui doit être compris. Si vous voulez entrer dans le problème de la peur, ou le problème de l’autorité, ou le problème du plaisir, ou celui de l’amour, vous devez voir que nommer, donner une étiquette, vous empêche d’examiner le fait.


Oeuvres collectées, Vol. XI – 350




mercredi 18 décembre 2013

Pourquoi crée-t-on une image de soi ?

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On a une idée, un symbole de soi, une image de soi, de ce qu’on devrait être, de ce qu’on est, ou de ce qu’on ne devrait pas être. Pourquoi crée-t-on une image au sujet de soi ? Parce qu’on n’a jamais étudié ce que l’on est, réellement. Nous pensons que nous devrions être ceci ou cela : l’idéal, le héros, l’exemple. Ce qui réveille la colère c’est que notre idéal, l’idée que nous avons de nous-même, est attaquée. Et notre idée à propos de nous-même est notre évasion du fait de ce que nous sommes.


Mais quand vous observez le fait réel de ce que vous êtes, rien ne peut vous blesser. Alors, si on est menteur et qu’on s’entend dire qu’on est menteur, cela ne signifie pas qu’on est blessé : c’est un fait. Mais, quand vous prétendez que vous n’êtes pas menteur et que vous entendez dire que vous l’êtes, alors vous êtes en colère, violent. Ainsi nous vivons toujours dans un monde idéal, un monde de mythes, et jamais dans le monde de la réalité. Pour observer ce qui est, pour le voir, être réellement familier avec cela, il ne doit y avoir aucun jugement, aucune évaluation, aucune opinion, aucune peur.


Oeuvres collectées, Vol. XII – 246




mardi 17 décembre 2013

Il est important de comprendre comment observer un fait

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Il est important de comprendre comment observer un fait


S’il vous plaît, écoutez ceci, ce n’est pas compliqué. Cela demande de l’attention, et l’attention est sa propre discipline ; vous n’avez pas besoin d’introduire un système de discipline.


Voyez-vous, messieurs, ce dont ce monde a besoin ce n’est pas de politiciens ou de plus d’ingénieurs, mais d’êtres humains libres. Les ingénieurs et les scientifiques peuvent être nécessaires, mais il me semble que ce dont le monde a besoin ce sont des êtres humains qui soient libres, qui soient créatifs, qui n’aient pas peur. Et la plupart d’entres nous sommes tourmentés par la peur.


Si vous pouvez entrer profondément dans la peur et la comprendre vraiment, vous en ressortirez avec l’innocence, et votre esprit sera clair. C’est ce dont nous avons besoin, et c’est pourquoi il est si important de comprendre comment observer un fait, comment regarder votre peur. Le problème entier c’est cela – non pas comment se débarrasser de la peur, non pas comment être courageux, non pas quoi faire à propos de la peur, mais être complètement avec le fait.


Oeuvres collectées, Vol. XI -




lundi 16 décembre 2013

La révolution doit commencer avec vous et moi

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La révolution doit commencer avec vous et moi. Cette révolution, cette transformation individuelle, peut avoir lieu seulement si nous comprenons la relation, ce qui est le processus de la connaissance de soi. Sans connaître le processus complet de ma relation, à tous les niveaux différents, ce que je pense et ce que je fais n’a aucune valeur.


Quelle base ai-je pour penser si je ne me connais pas moi-même ? Nous sommes si désireux d’agir, si impatients de faire quelque chose, d’apporter un certain type de révolution, un certain type d’amélioration, un certain changement dans le monde ; mais sans connaître le processus de nous-même, à la fois à la périphérie et intérieurement, nous n’avons aucune base pour l’action, et ce que nous faisons est condamné à créer plus de misère, plus de discorde. La compréhension de soi ne vient pas par le processus de retrait de la société, ou en se retirant dans une tour d’ivoire. Si vous et moi entrons réellement dans ce sujet avec prudence et intelligence, nous verrons que c’est seulement dans la relation que nous pouvons nous comprendre , et non dans l’isolement. Personne ne peut vivre isolé. Vivre, c’est être relié. C’est uniquement dans le miroir de la relation que je me comprends moi-même, ce qui signifie que je dois être extraordinairement alerte avec toutes mes pensées, mes sentiments, et mes actions dans la relation.


Ce n’est pas un processus difficile, ou un comportement surhumain ; et comme avec tous les fleuves, alors que la source est à peine perceptible, les eaux s’accélèrent à mesure qu’elles progressent et qu’elles s’approfondissent. Dans ce monde fou et chaotique, si vous allez dans ce processus à bon escient, avec prudence, avec patience, sans condamner, vous verrez comment cela commence à s’accélérer et ce n’est pas une question de temps.


Œuvres collectées, Vol. VI – 38




dimanche 15 décembre 2013

C’est la connaissance de ce qui s’est passé hier qui est la prison

J’ai compris. Je vois que cette préoccupation au sujet de la liberté – d’une liberté qui ne serait pas une formule, une conclusion – n’est pas en elle-même la liberté, d’accord ? L’esprit se dit : « Si ce n’est pas la liberté, qu’est-ce alors ? » Et il répond : « Je ne sais pas ».

Il voit que tout en ne sachant rien, il s’attend à savoir. Quand j’affirme que je ne sais pas ce qu’est la liberté, il y a en moi une attente, l’espoir que je pourrais le découvrir. Cela signifie que l’esprit ne se dit pas réellement qu’il ignore, mais qu’il attend qu’il se passe quelque chose.

Cette attitude, je la vois et je la rejette.

Donc, vraiment, je ne sais pas.

Je n’attends rien, je ne suis pas venu dans l’expectative. Je n’espère pas que quelque chose se passe, qu’une réponse vienne d’un agent extérieur. Je n’attends rien du tout. La voilà, la clé. Elle est là.

Je sais que ce que j’ai ici, ce n’est pas « cela ». Ici, il n’existe aucune liberté. Il y a des réformes, mais pas de liberté. Jamais une réforme ne pourra apporter la liberté. Et pourtant l’homme se révolte contre l’idée qu’il ne sera jamais libre, qu’il est condamné à vivre dans ce monde. Ce n’est pas le mental, l’intellect qui est en révolte contre cette idée, mais c’est tout l’organisme, la perception tout entière. D’accord ?

Et par conséquent, j’en viens à constater que puisque ceci n’est pas la liberté, je ne sais pas ce qu’est la liberté. Je n’attends rien, n’espère rien et n’essaie même pas de découvrir ce qu’est la liberté. Véritablement, je ne sais pas. Cet état de non-savoir est la liberté. Savoir est une prison. C’est parfaitement juste.

Je ne sais pas ce qui va se passer demain. Et par le fait même, je suis libéré aussi de tout le passé, libéré de ce domaine. Connaître ce domaine, c’est la prison, mais ne pas le connaître, c’est aussi la prison. Monsieur, regardez. Je connais hier. Je sais ce qui s’est passé hier. C’est la connaissance de ce qui s’est passé hier qui est la prison. Ainsi, l’esprit qui vit dans un état de non savoir est un esprit libre, d’accord ?